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Campus de Bel Air - animation scientifique / avril: Diversité du parasite Toxoplasma gondii à travers le monde

06 avril 2016

Aurélien Mercier et Lokman Galal de l'UMR Inserm 1094 de NeuroEpidémiologie Tropicale de Limoges sont accueillis actuellement à BIOPASS et présenteront un exposé en relation avec leurs activités prévues à Bel Air intitulé : "Diversité du parasite Toxoplasma gondii à travers le monde"
 
 Date: Le mercredi 6 avril  2016 à 11:00
 Lieu : Case d l'Amiral, campus de Bel-Air
 
 
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 Diversité du parasite Toxoplasma gondii à travers le monde
 
 RESUME
 
 Toxoplasma gondii  est un protozoaire largement réparti dans le monde. Le quart de la population mondiale est considéré comme infecté, avec des conséquences cliniques très variables. La toxoplasmose est habituellement  une  infection  bénigne  chez  l'homme  immunocompétent,  même  si  des  formes  graves  ou  des  atteintes oculaires  ont  été  décrites.  Chez  les  personnes  immunodéprimées  (SIDA,  traitement  immunodépresseur)  et  après transmission congénitale, les atteintes toxoplasmiques peuvent être sévères, voire mortelles. La transmission à l’homme se fait par consommation de viande infectée de n’importe quelle espèce homéotherme (mammifères et oiseaux) ou par ingestion des stades parasitaires (oocystes) présents dans l’environnement souillé par  les fèces de félidés  sauvages ou domestiques.  L’épidémiologie  de  ce  parasite  est  complexe  puisqu’elle  doit  prendre  en  compte  le  comportement  des diverses espèces de félidés (hôtes définitifs) et celui d’une grande variété d’espèces animales (hôtes intermédiaires) dont l’infection  se  fait  via  la  prédation  ou  le  charrognage,  ou  via  un  environnement  souillé  (eau,  végétaux,  sols).  Cette complexité  et  la  diversité  des  situations  en  fonction  des  environnements  est  source  de  la  structure  génétique  des populations  du  toxoplasme  associant  des  populations  clonales  et  des  haplogroupes  témoins  de  recombinaisons génétiques.  La distribution des haplogroupes est étroitement dépendante de la géographie. Des haplogroupes différents sont  observés  en  Europe,  en  Amérique  du  Sud,  en  Asie  ou  en  Afrique.  Alors  qu’il  existe  une  très  grande  homogénéité génétique des souches de toxoplasme circulant en Europe, les isolats provenant d’Amérique du Sud sont particulièrement divers (génotypes atypiques) et à l’origine de cas sévères de toxoplasmose. En parallèle, chez l’homme, de plus en plus d’études  font  état  de  relations  entre  le  génotype  infectant  et  les  manifestations  cliniques.  Ceci,  joint  aux  variations géographiques  dans  la  distribution  des  génotypes,  amène  à  une  nouvelle  description  de  la  toxoplasmose  à  travers  le monde.
 
 Les raisons de cette distribution géographique et de son maintien restent largement inconnues. L’environnement et  le  rôle  de  l’homme  semblent  être  des  facteurs  clés  de  la  diversification  de  ce  parasite,  comme  l’ont  démontré  les travaux  de  l’équipe  en  Guyane  française  mettant  en  évidence  pour  des  régions  tropicales  l’existence  de  structures spatiales et génétiques du toxoplasme reflétant des populations environnementales « anthropisée » et « sauvage ». Ces travaux  ont  aussi  montré  la  possibilité  à  une  échelle  locale  (à  quelques  km  de  distance)  d’interpénétrations environnementales  de  souches  issues  des  cycles  sauvage  et  domestique  avec  des  risques  potentiels  pour  la  santé humaine.  Cette possibilité d’introgression de souches d’un environnement à un autre pourrait-elle exister à une échelle
 intercontinentale conduisant à l’apparition de nouveaux génotypes dans ces zones d’échanges ?
 
 Nous  proposons  ici  d’étudier  la  diversité  génétique  du  toxoplasme  dans  deux  régions  du  globe :  la  France  et l’Afrique de l’Ouest (exemple du Sénégal) qui possèdent toutes deux une longue histoire marchande commune, depuis le commerce triangulaire jusqu’à nos jours. Nous nous focaliserons sur les zones portuaires des pays d’étude avec l’hypothèse selon laquelle dans les régions proches de la côte, il y aurait une interférence possible avec les génotypes européens et africains du fait des échanges commerciaux et des animaux vivants (rongeurs et animaux de rentes) débarqués des bateaux depuis les siècles derniers.
 
 Objectif :  l’objectif  de  ce  travail  est  d’étudier  l’influence  humaine  sous  diverse  forme  (commerce,  modification  de l’environnement, …) sur la structuration des populations du toxoplasme et ainsi d’estimer les possibilités d’introgression de génotypes du parasite d’une origine géographique à l’autre. Ceci permettra une meilleure  évaluation des risques en santé humaine pour les régions d’études (importation /  exportation de  souches virulentes). Nous analyserons ainsi les échanges  génétiques  et  la  persistance  de  certains  gènes  entre  des  populations  du  toxoplasme  qui  sont  ou  ont  été amenées à se rencontrer suite aux activités humaines passées et présentes.
 Méthodes :  Les  souches  de  toxoplasmes  seront  isolées  à  partir  d’organes  d’animaux  domestiques  et  péridomestiques préalablement trouvés positifs en sérologie toxoplasmique (rongeurs, oiseaux, chats,  chiens…). L’isolement se fera chez les  animaux  ayant  une  sérologie  positive  pour  la  toxoplasmose  par  inoculation  à  la  souris  ou  PCR  directe  à  partir  des organes  broyés  et  digérés.  Le  génotypage  se  fera  par  une  technique  d’analyse  multilocus  du  génome  à  l'a ide  de marqueurs  microsatellites,  mise  au  point  dans  notre  laboratoire.  Les  résultats  de  ce  génotypage  seront  analysés  en termes de génétique des populations en tenant compte des différents environnements étudiés.